Astra de Nidhal Guiga, un court-métrage qui vaut le détour

Astra de Nidhal Guiga, un court-métrage qui vaut le détour

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Dans le monde bouillonnant du court-métrage, il y’en a un qui mérite le détour, le deuxième court-métrage de Nidhal Guiga présenté lors d’une avant-première au CinéMadart le 21 avril 2018. Produit par Nomadis, Propaganda et SVP, ce court-métrage sort du lot pour deux raisons : d’abord le sujet du film, ensuite l’atmosphère. 

 

L’argument du film : Une famille tourmentée à cause de leur fille atteinte de trisomie 21. La mère est froide et distante avec sa progéniture, le père (joué par Nejib Belkadhi) est dévoué à sa fille. Il décide de l’emmener à un parc d’attractions « Astra ». Ils vont à Astra contre l’avis de sa femme, qui préfère cacher l’existence de sa fille par honte. 

Nidhal Guiga se lance dans un film qui sort du lot, si le cinéma de genre est installé depuis très longtemps dans d’autres pays, en Tunisie c’est rare de voir des films qui vont jusqu’au bout dans la « Fantaisie ». La « Fantaisie » de Astra trouve ses racines dans l’atmosphère, lourde, silencieuse puis d’un coup hystérique et dérangeante. Elle sort du naturalisme en imposant un décor rarement filmé de cette manière : un parc d’attractions et des personnages atypiques... on ne peut pas vous en dire plus. 

Si le découpage manque d’originalité, l’univers lui, nous invite à nous laisser prendre dans le piège comme les protagonistes. Le discours est cohérent et pointe du doigt le manque de tolérance. Haine la différence au point de rejeter son enfant, Astra montre comment l’intolérance est une folie. Nidhal Guiga injecte la haine de la différence dans une famille, puis dans un groupe d’individus, c’est une métaphore plutôt réussie de ce qui se passe aujourd’hui dans notre société. 

On voit aussi l’importance du détail chez Nidhal Guiga, le détail dans du popcorn qui éclate, dans l’alignement et la symétrie des têtes de poupées, dans une cigarette écrasée contre la porte. 

Bien au-delà d’un court-métrage, Astra est une vision qui fait du bien, puisqu’il sort des sentiers battus, et regroupe techniquement les exigences d’un long-métrage. Le court-métrage a souvent été victime du Low budget. Malheureusement, plusieurs réalisateurs sacrifient la direction photo, les décors et parfois même la qualité des acteurs par manque de moyens. 

Astra nous rappelle que le court-métrage c’est aussi du cinéma, qui a ses exigences et qui peut raconter beaucoup de choses en très peu de temps. 

 

 
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Douja Boukhris