CANcanements

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On a coutume de le dire, le sport (et donc le football) ne sont pas des sciences exactes et tout y est possible. Le Qatar en Amérique du Sud ? C’est possible grâce au football, tant pis pour la géographie. Le Kazakhstan en Europe ? Même combat. La géométrie dans l’espace ? Roberto Carlos l’a défiée en son temps. Mais aucune science n’est remise en question avec autant de virulence que la zoologie, grâce à la CAN.

 

Zoologie footballistique

 

Car ça y est, toutes les sélections présentes à cette 32ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations ont désormais joué. Et on a donc vu des lions de la Teranga escalader le Kilimandjaro, d’autres de l’Atlas profiter d’un guerrier se tirant une balle dans le pied (à la dernière minute), des zébus tenir tête à un éléphant, des super-aigles (c’est comme des aigles, mais qui viennent de Krypton) avoir toutes les peines du monde à attraper des hirondelles, des écureuils ternir une étoile noire, et des grues bouffer du léopard, ce qui est le plus étonnant. Pas de chance, la logique fut respectée lorsque les aigles puniques se montrèrent trop peu en appétit pour faire d’antilopes noires leur entrée…

 

Noujoum Ettadhamen

 

Arrêtons-là les métaphores induites par les surnoms animaliers des sélections africaines parce que si on en arrive au Kenya, dont le nom de Harambee Stars signifie étoiles de la collaboration, ça se traduit par les stars d’Ettadhamen et c’est vrai que ça peut effrayer l’adversaire. A part ça, la compétition est plutôt bien née, sans trop de béton et avec des buts (aucun 0-0 de la semaine, une seule expulsion lors du dernier match de cette première ‘semaine’). C’est peut-être dû au nombre record de techniciens africains présents sur les bancs ? Peu de surprises, hormis la défaite du Congo Démocratique, mais quelques succès pénibles ou parités inattendues.

 

Car la chaleur alourdit irrémédiablement le rythme. Vous vous souvenez de Madjer en manches longues pour recevoir le trophée en 1990 ? Du brouillard à couper au couteau qui nous fit deviner plus que voir le but de Mnari contre le Sénégal en 2004 ? Regardez désormais Zyech, Mané ou Salah chercher de l’air après un quart d’heure de jeu, soit assommés par 40 degrés à l’ombre (sauf qu’il n’y a pas d’ombre), soit respirant de l’eau tant l’humidité les vrille quand est tombé le soir… Merci aux puissances du football d’avoir réussi à faire décaler une compétition qui en soixante ans s’est toujours tenue entre novembre et mars (avec deux exceptions, en mai 1959 et en avril 1994).

 

Triste tradition tunisienne

 

Du coup, les présumés favoris n’ont pas fait rougir les réacteurs pour s’imposer. Et n’ont parfois pas réussi à le faire. Pour la Tunisie, on pourrait presque parler d’habitude puisque comme en 1962, 1963, 1978, 1982, 1994, 1996, 1998, 2000, 2002, 2008, 2010 et 2017, l’équipe nationale n’est pas parvenue à remporter son match d’ouverture de la CAN (les seules exceptions à cette règle furent 1965, 2004, 2006, 2012 et 2013 et hormis 65 et 2006, les autres 

 

furent tirés par les cheveux). La seule satisfaction de cette rencontre fut que la prestation d’ensemble fut assez décevante pour que se taise (si peu) le commentateur. Mais il n’y a là rien d’irrémédiable, sauf si on ne corrige rien. Car la formule à 24 offre cet avantage de ne renvoyer une équipe que si elle est vraiment mauvaise (et on n’en est pas encore là), ce qui met en principe à l’abri tous les favoris pour l’accès aux huitièmes de finale.

 

Ce qui lance ensuite une compétition sur laquelle aucune science n’a de totale exactitude, faite de quatre fois un match sur chacun desquels, on le sait, tout est possible. Même que la sélection tienne plus d’El Maestro que de Ouled Moufida.