La Tunisie affronte le Ghana: En rêvant de la squadra azzurra

La Tunisie affronte le Ghana: En rêvant de la squadra azzurra

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C’est une autre compétition qui a commencé avec les rencontres à élimination directe. On a déjà vu plus de jeu et de motifs d’excitation en une mi-temps de chacun des matches qu’en quasiment tout le premier tour. Vu la prestation de nos volatiles, c’est sûr, ça n’a rien de dur (il n’y a que pour les spectateurs que ça soit dur…), mais rien n’est perdu. On vous explique pourquoi.

 

Indigeste Côte d’Or

 

Nous le mentionnions déjà au départ de la Coupe d’Afrique des Nations sur Misk, ce format de la CAN est une fusée à deux étages. Le premier s’est détaché avec la fin d’un premier tour aussi rythmé qu’un film de Lars Von Trier, aussi digeste qu’un éditorial du Renouveau et aussi enthousiasmant qu’un bouquin de Houëllebecq. La sensationnelle sélection tunisienne a pris sa part à ce merveilleux spectacle, nous gratifiant d’une triple prestation (hormis quelques moments face au Mali, ça doit être parce que ce sont des aigles aussi) d’une somnolence à rendre envieux n’importe quel anesthésiste. C’était excitant comme une lecture du bottin. Mais à présent, on est passé au second étage de la fusée. Celui qui vise la lune.

 

Looking for Pablito

 

Car nous avons désormais quatre matches-couperet, qui sont autant de finales à répétition. Et sur un seul match, tout est possible. Ceux qui pensent le contraire n’ont qu’à songer qu’à chaque rencontre du premier tour, nous pensions ne pas pouvoir être plus déçus par l’équipe nationale, et qu’en fin de compte si, ce fut possible. Mais ça fonctionne dans les deux sens. Les plus anciens se souviendront de l’Italie de 1982, qui démarra comme la Tunisie d’aujourd’hui par trois matches nuls (avec aussi peu de buts marqués -mais eux au moins marquèrent sur action construite) avant de terminer en trombe et champions du monde par la grâce d’un Paolo Rossi (dit Pablito) retrouvé. Reste à trouver le nôtre, car selon la formule d’André Nagy en son temps, il y a plus d’huîtres que de perles. Sinon, et pour les plus jeunes, on peut garder espoir en pensant au Portugal de 2016 : pas de jeu, malgré la présence de CR7, repêché comme troisième sans succès au premier tour (on a fait mieux !), et un seul succès durant le temps réglementaire. Un modèle.

 

Black star, la bête noire

 

Le souci, c’est que pour les huitièmes, on rencontre le Ghana. Et que si l’histoire avec l’ancienne Côte d’Or se répète, on est chocolat. En neuf matches officiels, sept défaites, pour un seul succès 2-1 en… 1964, qui nous élimine car battus 2-0 à Accra. Le dernier succès (en amical) date lui de 2006. Sofiène Melliti avait marqué, c’est vous dire si ça date. La poisse est telle que même lorsque l’arbitre est ghanéen, nous perdons en compétition officielle. Ça avait pourtant pas trop mal commencé, avec la première sélection officielle de Attouga, et un nul méritoire 1-1 à Accra (en CAN, justement) mais depuis, c’est aussi affligeant qu’un talk-show tunisien. Entre les projecteurs du Zouiten qui gênent Attouga en 1965, la réception toute particulière de la sélection de Chetali en demi-finale en 1978, l’hésitation de Balbouli en 2012 ou l’arbitrage inouï de Port Elizabeth en 1996, on se dit que Neji Jouini a juste rééquilibré la balance en avertissant Abedi Pelé en 1992 (le privant ainsi de la finale que le Ghana perdit). Même le seul abandon de terrain en match officiel par la sélection tunisienne a eu lieu lorsque la compétition se tenait au Ghana…

 

Mais il n’y a pas de fatalité en sport. Personne n’aurait donné le Bénin en quarts de finale. L’Egypte était favorite du tournoi avec le Maroc. Cameroun-Nigeria a fait passer le public par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Et donc même si la compétition se déroule au pied des pyramides, elle n’a aucune finalité à être aussi prévisible qu’un scénario de feuilleton égyptien. Never give up, comme le disait le t-shirt de Mohamed Salah. Tout peut arriver sur un match, et encore plus sur quatre matches.