Moins loin de toi

Moins loin de toi

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Depuis quelque temps, nos millions d’auditeurs hagards, à peine revenus à leur condition d’être humain entre deux matches de la Coupe du Monde, ont été frappés de stupeur et d’incrédulité en apprenant la nouvelle : Edouard Baer vient sur Misk ! Découvrant la nouvelle, combien se sont demandé s’il serait possible qu’ils soient encore le jouet de leurs sens abusés, entre la fin du ramadan et ses perturbations gastro-endocriniennes, l’Aïd et sa glycémie trépidante, le but de Kane dans les arrêts de jeu ? auraient-ils bien entendu ? Misk ? Baer ? Alors que le dinar flotte en des eaux si troubles que même l’Aquarius ne se risquerait pas à les traverser ? Alors que la Coupe du Monde pousse à la germanophonie gratuite ? Alors que s’annonce l’assommoir estival et son cortège de mariages auxquels il faut figurer, de veillées nocturnes parfois forcées et d’accidents de voiture à toute heure ?

Misk ose amener un artiste, n’ayons pas peur des mots, dont la poétique inspiration titille l’intellect et sublime la francophonie ? Mais au fait, pourquoi avoir invité Edouard Baer ? Pourquoi ? Liste non exhaustive…

 

  • Parce qu’on l’aime bien. 
  • … et qu’on fait ce qu’on veut.
  • Parce qu’il a l’air de nous aimer bien lui aussi. Enfin, j’espère qu’il ne changera pas d’avis si par malheur il avait « perdu » ses bagages à l’aéroport…
  • Parce qu’il est pris dans ses bras par une Monica Bellucci en nuisette de satin puissamment accorte et qu’il n’en frémit qu’à peine, et ça, même dans une œuvre de pure fiction, ça force l’admiration autant que l’entendement.
  • Parce qu’au départ on avait songé à appeler la radio « Station de radiodiffusion en faveur de la promotion de la culture en Tunisie et ce dans le but de sa pérennisation au cas où il y aurait lieu de le faire », avant de privilégier Misk. Ce fut peut-être mieux, à la réflexion.
  • Parce que nous aussi on est ouvert la nuit.
  • Parce que les meilleurs « Astérix » en film qui valent la peine d’êtres vus, c’est avec lui au générique.
  • Parce que même quand on n'entend que sa voix, on l’entend sourire.
  • Parce qu’il a vraiment improvisé la tirade du scribe Otis dans « Mission Cléopâtre » et que c’est un moment d’anthologie du cinéma, comme quand Bogart casse son verre dans sa main ou que Keaton passe par la fenêtre de la façade qui choit. Et lui non plus n’est pas doublé. 
  • Parce qu’il est beau, même à la radio.
  • Parce que nous aussi (enfin, les éléments masculins de la « Station de radiodiffusion en fav… » bref, de Misk), on aurait aimé trouver Sabrina Ouazani en cherchant un homme.
  • Parce qu’il est égal à lui-même, tant en plein pays Dogon qu’en plein Palais des festivals
  • Parce que nous aussi on aime bien Cannes, même si on est plus pissaladière Quai Saint-Pierre/Forville, que tapenade côté Croisette/Palm Beach.
  • Parce qu’on a tous vécu quelque chose de ressemblant aux situations de La Bostella.
  • Parce qu’il fallait oser aller participer au tournage des « Barons ».
  • Parce qu’on aime bien les bisons. Enfin, moi, j’aime bien les bisons, y compris leur déclinaison polonaise, avec des glaçons, une rondelle de citron et une eau pétillante svp. J’aime bien aussi le Poulet aux prunes, je suis sûr que les deux iraient bien ensemble.
  • Parce que sa déclamation, qu’elle requinque au matin lorsqu’on l’entend près de soi dans le casque, ou qu’il en remontre à l’ensemble de la profession cinématographique en mondovision, est une synthèse réussie de Jean Gabin, de Gérard Philippe et de Richard Berry.
  • Parce qu’on adore le théâtre (on en a un très joli pas loin d’ailleurs il faudrait lui montrer la Bombonnière), et qu’en plus d’avoir remporté un Molière, il interprète souvent un acteur ou un directeur de théâtre.
  • Parce qu’étant nègre (littéraire, sinon ce mot ne devrait jamais avoir voix au chapitre. Mais réjouissons-nous, mes frères et mes sœurs, nous avons enfin en Tunisie un présentateur météo à la peau mélanine) et amateur de football, le médiocre auteur de ces lignes ne peut qu’admirer son personnage de « Mensonges et trahisons… ». Sauf que je n’ai pas encore croisé Alice Taglioni…
  • Parce qu’on a une séquence qui s’appelle « Double Zéro ». Et qu’on ne porte pas de cravate. Et que nous aussi, on se réveille au dernier moment voire parfois après le début de nos émissions. Édouard ! Nous étions faits pour nous trouver. 

Alors, merci, Édouard (vous permettez qu’on vous appelle Édouard ? Parce que là ça fait deux fois et on ne voudrait pas être familier), merci, pour nous, pour la vie, merci d’avoir cette humanité, ce goût de l’amour, de la rencontre et de la chose bien faite, d’avoir ce don de soi, merci pour ces matinales où votre voix sémillante et lyrique fut parfois pour l’auditeur en panne de motivation la seule lueur de réconfort dans le blême frimas d’une aube grise, ces émissions où la chaleur de votre populaire organe alla de pair avec celle que prodiguent les écouteurs à arceau dans la froideur de l’ennui, merci pour ces émissions dont le titre à lui seul fut un divertissement, merci d’avoir parfois sauvé, d’un caméo, une fugacité, une fulgurance, certains moments de franche neurasthénie intellectuelle, merci Édouard, vous êtes ici chez vous.