Pop Culture: Bienvenue dans le monde de la philosophie pop !

Pop Culture: Bienvenue dans le monde de la philosophie pop !

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Philosophe et conférencier slovène promenant son scepticisme dans des amphis archicombles des plus grandes universités du monde, Slavoj Zizek, penseur de l’actualité s’est rendu célèbre, entre autre « performances », par un ouvrage intitulé « Bienvenue dans le désert du réel ». Il s’agit là- pour ceux qui snobent les grosses machines à narrer hollywoodiennes-d’une réplique relevée dans Matrix, blockbuster des frères Wachowski.

 

C’est par cette invite pour le moins dysphorique que Morpheus s’adresse à Néo pour lui souhaiter un agréable réveil dans un monde cauchemardesque. Façon pour Zizek d’abattre d’entrée de jeu ses cartes : il ne pense pas grand bien du monde comme il va, mais il insiste, comme ses acolytes de l’Ecole philosophique de Ljubljana, sur la nécessité et le devoir de le penser !

 

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Slavoj Žižek

 

Facétieux et provocateur, Zizek communique tous azimuts : il écrit en anglais, a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, tient plus de 300 conférences par an et met en ligne près de cent articles en consultation gratuite. Le projet de Zizékien doit beaucoup à celui qui a été promu par l’école cultural studies qui œuvre pour la multidisciplinarité. Zizek rompt avec la division du travail scientifique, conteste la hiérarchie des pratiques culturelles et intervient en tant que philosophe, psychanalyste, critique de cinéma (brillantes lectures de Tarkovski…) etc.

 

Surfant entre marxisme requinqué et lacanisme, il n’y a pas de sots objets pour traquer le réel et ses excès, même dans ses textualité les plus futiles et bancales. Des objets de savoir qui célèbrent les noces qu’un bon nombre d’académiciens, qui se sont voués au gardiennage du temple du savoir, jugent honteuses et contre nature !

 

Chez Zizek, Hegel, le grand Hegel, l’énorme Hegel, côtoie la série de dessins animés des « petits dinosaures », Matrix côtoie Nietzsche et Adorno.

 

De Kafka on passe, à la vitesse du son, et il faut le reconnaître par des déductions d’une intelligence sidérante, à Mozart ou aux blagues de Jerry Lewis.

 

Zizek traque la machine à créer des représentations là où on ne l’attend pas.

 

Comment se forment les concepts chargés d’idéologie et comment deviennent- ils des mots d’ordre planétaire ?

 

Qu’est ce qui se profile derrière « la clarté transparente » d’un événement ?

 

Pour le deviner, il faut déconstruire nous dit Zizek. Revivifier le matérialisme historique. Même si cette déconstruction passe par la réhabilitation de grilles de lectures surannées. Réintroduire un peu de « réductionnisme économique » peut nous dessiller sur les enjeux de notre monde. L’analyse du contenu idéologique peut encore nous aider à comprendre le fonctionnement des médias, à saisir les stéréotypes du cinéma hollywoodien et à découvrir l’âme profonde de l’Amérique…

 

De ce magma digne d’un Big bang intellectuel, de ce patchwork de haute voltige jaillissent des idées lumineuses comme la proposition suivante qui est centrale de « Bienvenue dans la désert… » : Les attentas terroristes du 11 septembre, ce ne sont point l’intrusion de la fiction dans le réel mais bien au contraire c’est le réel de l’imaginaire (représenté par Hollywood) qui surgit dans la fiction d’une réalité construite sur du simulacre…

 

C’est culoté, c’est à couper le souffle mais ça donne à réfléchir !

 

La leçon, s’il y en a une, c’est d’oser penser à partir d’hypothèses baroques. La pensée naïve est souvent plus proche de la réalité que les filtres conceptuels. Et il s’agit de penser par soi…

 

Pour preuve, je vous livre un des « coups » de Zizek. Le philosophe-star, n’étant pas à une contradiction près- a signé le texte d’un catalogue de la firme vestimentaire Abercombie et Fish dont le chiffre d’affaires avoisine les quatre milliards de dollars. Lever des boucliers des gardiens du temple. La réponse de l’intéressé ne s’est pas fait attendre : Zizek a dit mettre en jeu sa réputation pour semer le trouble dans l’esprit de ses aficionados et les pousser à réfléchir sur les dangers de se faire aficionados !