Quand le robot se prend pour Picasso

Quand le robot se prend pour Picasso

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La robotique sort des ateliers des ingénieurs, et des arènes de geek pour aller dans les galeries. Nous sommes, ainsi, passés des pigments de couleur au robot graffeur. L’artiste est-il devenu un simple programmateur? Le rapport de l’artiste à son œuvre se retrouve bouleversé, chamboulant la relation du public à cette dernière et la philosophie esthétique en général. Le robot est-il une partie de l’œuvre ou de l’artiste?  

 

Le transhumanisme, du fantasme à la réalité

Terme du biologiste Julian Huxley, le transhumanisme incarne le besoin de l’homme de se transcender avec de nouveaux moyens. En 1980, Stelios Arcadiou, artiste performeur, a mis en exécution la théorie du biologiste, avec le «3e bras robotique», œuvre qui incarne le mariage de la biologie et de la technologie. Arcadiou affirme que le corps de l’Homme est devenu limité et ses capacités insuffisantes. En 1998, l’artiste va encore plus loin avec sa performance «Exosquelette», une machine à six jambes qui se déplace dans toutes les directions.

 

 

Un autre artiste japonais Takahiro Yamaguchi a choqué les Nippons en imposant son robot fou dans les galeries. Le robot graffeur peint de manière chaotique sur un mur ou sur une série de toiles. Le chaos, qui est depuis toujours exclusif à l’artiste, se retrouve confisqué par une installation mécanique «sans âme». Yamaguchi a souhaité exclure l’artiste du processus de création.

 

«Quand je me sers des technologies, je ne me demande pas si le robot obéit à un contrôle total, comme c’est généralement le cas avec les robots, ou plutôt de manière chaotique, ce qui serait la signature des artistes impulsifs. La technologie n’est qu’un matériau qui me permet de m’exprimer. De la même manière qu’un peintre utilise la toile et les couleurs à l’huile.»

 

e-DAVID peintre impressionniste 

David signe chaque toile qu’il peint de son prénom, il mélange les couleurs, affine son œuvre et l’offre au public. La machine est inspirée de l’atelier de Rubens. E David se comporte comme un peintre face à une nature morte ou un objet. Chaque 600 coups de pinceau, un appareil capture l’image de la toile, ce qui permet au peintre robotique de perfectionner son œuvre en se référant à la dernière capture.      

 

 

 

 

Ces trois expériences artistiques parmi tant d’autres laissent encore une grande place à l’homme et à sa sensibilité, les défenseurs du miracle robotique diront que seul l’homme peut construire et programmer une machine, il reste ainsi maître de son Frankenstein.

 

Mais l’artiste n’est-il pas une touche inimitable qui le distingue du lot des productions ordinaires? Nous pouvons imaginer un monde, pas si lointain, où des galeries présentent les dernières œuvres de e-James ou de e-Ali, «la machine qui a dépassé son maître». Une machine capable de synthétiser des millions de données picturales et esthétiques pour créer ce qu’un artiste «humain» est incapable de concevoir.