Yasmina Khadra, ses vies parallèles

Yasmina Khadra, ses vies parallèles

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Né Mohammed Moulessehoul, vous le connaissez peut-être mieux sous son nom de plume, Yasmina Khadra. Après avoir reçu de nombreux prix pour différents livres, il est en ce moment en Tunisie pour des séances de dédicaces de Khalil, son dernier ouvrage.  

 

Si jamais (et c’est possible) vous n’avez jamais entendu son nom, la première chose qui vous vient à l’esprit est que l’écrivain est en fait une écrivaine. Eh bien non. C’est pour rendre hommage à son épouse que l’homme a choisi ses deux prénoms. Né le 10 janvier 1955, dans le Sahara algérien, Yasmina Khadra écrit des romans policiers, des romans qui racontent la relation souvent compliquée, parfois tumultueuse entre l’Orient et l’Occident, des livres qui parlent de l’Algérie, de son Algérie, des ouvrages qui parlent de terrorisme, mais d’amour aussi. Bref, Yasmina Khadra est un des auteurs incontournables de ce siècle.

 

« Longtemps j’ai pris ma plume pour une épée » - Sartre

 

Pour Yasmina Khadra, monde littéraire et monde militaire vont de pair. La preuve avec son livre L’écrivain qui relate son expérience avec cette profession martiale qui occupa une grande partie de sa vie (25 ans en tout). C’est son père, ancien officier de l’Armée de Libération nationale qui poussa son fils sur ses traces. Le jeune Mohamed n’a que 9 ans et des souvenirs quasiment intacts du jour où il quittera sa famille pour entrer à l’école des cadets de la révolution d’El Mechouar. Il en sortira sous-lieutenant avant de servir l’armée algérienne comme officier. 2000, il « déposera les armes » définitivement pour se consacrer à sa plume. Deux ans après, il dévoilera au monde qui se cache vraiment derrière son pseudonyme avec son livre L’imposture des Mots.

 

De Mohammed Moulessehoul à Yasmina Khadra

 

Appelez cela une double vie, une vie parallèle ou comme vous le voudrez… Mohammed Moulessehoul a pris très tôt la littérature pour épouse - poursuivant sa carrière militaire en même temps. Dès sa maturité, au moment où certains pensent au droit de vote (c’est possible) ou à passer le permis, lui termine d’écrire son 1er recueil de nouvelles qui sera publié en 1984. Pour échapper à la censure militaire, il prendra un pseudo qui n’est pas encore celui qu’on lui connaît. Il a 43 ans, quand son livre Morituri sort en France. C’est alors que le nom de Yasmina Khadra sort d’Algérie pour résonner dans le monde entier. Nous sommes en 1997.

 

Derrière chaque grand homme, il y a une femme

 

Yasmina Khadra donc, a choisi ce nom de plume pour honorer son épouse qui l’a soutenu dans les épreuves, qui lui a permis de s’obstiner face à l’adversité et de poursuivre son rêve de devenir écrivain, mais surtout d’échapper à la censure. Le vrai prénom de sa femme est pourtant Yamina, mais l’éditeur de Mohammed pensant bien faire et corriger une faute y a ajouté un « s”. Son épouse lui aurait d’ailleurs dit : “Tu m’as donné ton nom pour la vie. Je te donne le mien pour la postérité”... Une belle histoire donc qui pourrait se retrouver dans un livre, qui sait ?