Dylan en animateur du chaos

Dylan en animateur du chaos

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The Rolling thunder review, c’est l’histoire de l’immense Bob Dylan racontée par l’immense Martin Scorsese.

Ou quand une légende en rencontre une autre.

Mais ce n’est pas la première fois que l’auteur de The last Waltz se penche sur la trajectoire du Prix de Nobel de littérature.

No direction home , morceau de bravoure scorcessien , réalisé en 2005, avait rapporté les péripéties de la naissance d’une idole.

Un parcours qui allait porter Robert Zimmerman au firmament du protest song et de l’élite contestataire new yorkaise au début des années soixante.

Pour ceux qui ne connaissent pas de près la carrière de Dylan, No direction home pouvait faire fonction de biographie plus ou moins officielle, où on vous dit tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Zimmy. C’est en quelque sorte un exercice d’admiration doublé d’un documentaire réussi. C’est une introduction parfaite à l’univers de l’homme aux multiples masques.

No direction home est, dans ce sens, un bijou déposé dans les mains de ceux qui veulent rejoindre la grande communauté dylanienne. Internationale de la poésie, du Rock et de la rébellion. Triade inséparable, d’ailleurs…

Union des saltimbanques lumineux contre le conformisme, l’oppression et la ségrégation…

The rolling Thunder Review est un vrai-faux documentaire, qui s’adresse, lui, à ceux qui sont déjà initiés aux arcanes du dylanisme.

L’ambiance ludique et le ton décalé reproduisent l’esprit de cette tournée mémorable qui traverse en 1975 les Etats-unis et le Canada. Tournée que Dylan décrit comme une comdia d’el arte musicale.

Accompagné ou croisant la route de quelques-uns figures légendaires de la contre-culture, comme Joan Baez, le poète beatnik Allen Ginsberg, Joni Mitchell et la sombre violoniste Scarlet Rivera, Dylan, au volant d’un mobile home, reprend la route après 10 ans d’absence.

Une éclipse rompue uniquement par la virée avec The Band et dont naitra l’album live Before the flood.

L’aspect documentaire est contrebalancé par la présence de personnages fictifs rapportant des événements non moins fictifs et polémiques.

Comme fond documentaire Scorsese reprend des extraits du film de Dylan Renaldo and Clara, coécrit avec le dramaturge et poète Sam Shepard.

Réalité et fiction se mêlent. Et même le titre n’échappe pas à cette confusion qui va comme un gant au troubadour ironique et hâbleur.

Pourquoi Rolling thunder ?

L’un des interviewés prétend que le tonnerre qui roule est une expression des indiens d’Amérique qui veut dire « dire la vérité » . Allez donc savoir !

Maquillé lors de ces concerts, Dylan vous dira qu’il en est ainsi parce que les masques ne mentent pas !

Entre le cirque est le show business, The Rolling Thunder est un voyage au cœur d’un répertoire qui, selon Scorsese, créé une euphorie et le sentiment d’être vivant !

La réalité, elle, s’invite dans le film. L’Amérique insolite et la désillusion sociale, deux sujets auxquels nous ont habitué les chansons de Dylan, sont filmées par Scorsese. Des personnages happés par le quotidien et indifférents aux grandes célébrations nationales…

Le film ne manque pas de décrire Dylan en poète romantique et taiseux entouré par toute une faune de profiteurs…

Ainsi va le monde du show biz…

Autrement, c’est toujours avec une grande émotion que nous écoutons la magnifique vesrion de Isis, chanson sur le mariage où il s’agit bizarrement d’une chasse au trésor et de tombes éventrées…

Dylan est un grand farceur. Dylan est un révolté qui a abandonné l’idée de changer les hommes et le monde…

« Le sens de la vie est de se créer et de créer des choses », lance Dylan à Scorsese…

Dans ce sens Zimmy est un sacré démiurge !