Update. La première rave party a eu lieu en 1518

Update. La première rave party a eu lieu en 1518

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C’est peut-être un des événements les plus mystérieux de ces décennies. Bon, peut-être pas le plus mystérieux, mais quand même. Le mot rave party qui peut littéralement vouloir dire en français « fête délirante » n’est pas tant éloigné de ce qu’on appelle l’épidémie dansante qui a eu lieu à Strasbourg, en France au 16e siècle.

 

Retournons en été 1518. Le 14 juillet plus précisément. Une femme nommée Frau Troffea descend dans la rue et sans aucune explication apparente se met à danser frénétiquement. Le mot « frénétiquement » est choisi à dessein. Elle se défoula, les pieds en sang, pendant 4 à 6 jours, ne s’arrêtant que pour quelques siestes. L’histoire de Frau Troffea aurait pu s’arrêter là, mais non. En une semaine, 34 personnes suivent le mouvement. En un mois, ils étaient plus de 400 femmes, hommes et enfants compris...

 

La médecine de l’époque n’était pas aussi avancée que celle d’aujourd’hui. Et pourtant, ils ont d’emblée exclu les causes surnaturelles et astrologiques pour conclure au diagnostic suivant : « maladie naturelle causée par un sang trop chaud » (on le répète, la médecine du 16e siècle n’était pas une médecine de pointe).

 

L’historien de la médecine John Waller, dans son livre « The Dancing Plague » publié en 2009 parle de scènes terrifiantes ou ces « danseurs fous », pleurent, crient et implorent de l’aide sans pour autant pouvoir s’arrêter. Ils ont « le regard vague ; le visage tourné vers le ciel ; leurs bras et jambes animés de mouvements spasmodiques et fatigués ; leurs chemises, jupes et bas, trempés de sueur, collés à leurs corps émaciés », décrit-il. Nous sommes effectivement loin des scènes de liesse. Cette danse mortifère provoquait jusqu’à 15 décès par jour suite à des causes aussi diverses qu’attendues lorsque l’on se déchaîne sans interruption : déshydratation, accidents cardio-vasculaires, AVC, crise cardiaque, épuisement....

 

Cette manie dansante fascine encore les spécialistes actuels. Si elle n’est pas la seule à avoir eu lieu dans l’histoire, c’est du moins la mieux documentée. Au total, une vingtaine d’épisodes comparables ont été rapportés entre 1200 et 1600. Le dernier serait survenu à Madagascar, en 1863.

 

Quant à la raison de cette hystérie collective plusieurs hypothèses, plus ou moins rationnelles sont avancées. Ergotisme (empoisonnement par du seigle contaminé par une mycotoxine), culte hérétique, possession démoniaque...

 

John Waller avance une autre explication. Pour lui, l’épidémie aurait été causée par une forme de psychose collective due aux conditions de vie très difficiles chez ces individus vulnérables sur le plan psychologique, et qui croyaient aux châtiments divins. La ville avait été frappée par une succession inhabituelle d’épidémies (syphilis, suette anglaise) et de famines, et ses habitants croyaient à saint Guy, capable autant d’infliger que de guérir des maladies, par la danse notamment. Ce serait donc ce contexte social désastreux qui a provoqué cette « rave party ».