Grand prix international du Mobile Film Festival, début de l’aventure pour Rami Jarboui ?

Grand prix international du Mobile Film Festival, début de l’aventure pour Rami Jarboui ?

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Le très petit écran a sa minute de gloire chaque année, depuis 12 ans, au Mobile Film Festival en France (MFF). La devise de l’événement est simple : “1 Mobile - 1 Minute - 1 Film”, et le résultat est plutôt surprenant. Les courts-métrages tournés avec des smartphones que l’on découvre à ce festival sont un concentré de tout, d’émotions, d’action et de nouvelles technologies aussi…

 

Devenu international il y a deux ans, le MFF, a donné accès aux participants “en cassant les codes et les contraintes économiques pour permettre à chacun de participer, mais après, le travail c’est de savoir raconter, écrire une histoire” explique son fondateur Bruno Smadja dans l’émission Thé ou Café sur France 2.

 

Lors de la dernière édition, le Tunisien Rami Jarboui a obtenu, avec son film “Soupe”, le Grand Prix International du Mobile Film Festival avec en prime une bourse BNP PARIBAS de 15 000 € pour la production d’un film et le soutien d’un producteur. Il s’agit de sa deuxième participation au festival.

 

Le court-métrage raconte l’histoire d’un jeune homme qui veut trouver une solution pour ajouter du sel à sa soupe alors qu’il n'y a plus de sel. Il s’agit d’une critique socio politique de la situation dans toute la région, avec un clin d’oeil aux guerres qui la secouent, au terrorisme, aux violences, etc.

 

“L’idée m’est venue il y a deux ans lors de l’attentat survenu à l’avenue Mohamed V à Tunis. Ce soir-là, à cause du couvre-feu, je n’ai rien trouvé à manger pour le dîner”. Et là, j’ai commencé à me poser des questions, pourquoi suis-je né en Tunisie ? Mais après, je me suis rendu compte que tout ce qui se passe dans le monde est connecté” raconte Rami Jarboui.

 

Les téléphones mobiles se sont invités dans le monde de l’audiovisuel, il y a  déjà plusieurs années. Alors que ce dernier se mettait à la haute définition, les petits appareils munis de caméras ont débarqué pour capturer et partager des moments, des événements importants, voire tourner des films.

 

Des plus petits événements aux événements majeurs qui ont marqué l’actualité, comme les catastrophes naturelles, les accidents, ou les attentats, des images ont été rapportées par les appareils mobiles, des plus simples aux plus sophistiqués, pour faire la une des réseaux sociaux et des médias.

 

Instaurant une nouvelle culture, les mobiles ont démocratisé l’image, enlevant son monopole à la presse classique.

 

Pour nous autres Tunisiens, ce sujet évoque toute une période de notre histoire récente, celle qui se situe notamment entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011. Période durant laquelle nos téléphones ont défié le black out médiatique imposé par le régime despotique, totalitaire, pendant la révolution mettant ce dernier à genoux.

 

“En une minute, Soupe met en scène la redondance de la souffrance qui prive les larmes de leur sens. À la fin, les larmes servent à saler la soupe” explique le réalisateur.

 

Dans la création artistique, les mobiles ont permis de tourner des longs métrages, comme “Nocturnes pour le roi de Rome”, une fiction de 80’ de Jean Charles Fitoussi, sortie en 2010. Ou encore le documentaire italien sur la sexualité  “Nuovi Comizi d’Amore”, de Marcello Mencarini et Barbara Seghezzi, sorti en 2006.

 

“Il y a des téléphones qui sont meilleurs que les caméras pour tourner, mais après il y a tout un travail de post production et d’étalonnage à faire. Le son, quant à lui, a été enregistré avec un casque” nous explique le jeune réalisateur.

 

La lumière est une contrainte quand on tourne avec un Smartphone, en plus, nous avons filmé avec un minimum de moyens, après tout, le concept est fait pour faciliter économiquement les choses”.

 

Rami maintient que la valeur artistique d’un film n’est pas altérée quand il est tourné avec un mobile si “la composition de l’image et la post production sont bonnes”. Pour lui, le Smartphone peut être un atout pour l’aspect réaliste qu’il impartit au film.

 

“Le film n’exprime pas forcément mes influences, moi j’aime le cinéma soviétique, le cinéma japonais… mes films préférés sont Stoker, Le voleur de bicyclette, Holy Mountain, El Topo de jodorowsky, le cinéma de Pasolini”

 

Un court métrage “low budget” tourné au Kef viendra bientôt étoffer la filmographie de Rami Jarboui qui est en train de choisir un scénario pour son long métrage, qu’il tournera grâce à la bourse du MFF avec un producteur français et un autre tunisien.

 

“Ma thématique préférée est l’absurde. Ce sera quelque chose de minimaliste sans grand matraquage intellectuel” dit-il en citant Jean Baudillard : “ Nous sommes dans un univers où il y a de plus en plus d'informations, et de moins en moins de sens”.

 

“À la base, Soupe était un long-métrage, peut-être que je tournerai un long remake” conclut-il...

Hajer Boujemâa