Terka : du théâtre pour célébrer le 8 mars

Terka : du théâtre pour célébrer le 8 mars

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L’art et la création au centre des revendications sociales. C’est dans cette optique qu’a été jouée la dernière pièce de Lobna Mlika, interprétée par les élèves de l'Université Féministe Ilhem Marzouki, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, et ce, à l’espace 4e Art, hier, 7 mars à 18:00.

 

“Terka, Héritage”, est un projet soutenu par l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD), qui a pour objet d’aborder une thématique encore taboue, à savoir, l’égalité homme-femme en termes de droit de succession.

 

Amateurisme : ce mot injustement péjoratif.

 

Amateur : personne qui manque de compétence, de qualification dans ce qu'elle fait, ou qui exerce une activité sans y apporter l'application ou l'assiduité désirable.

Amateur : Personne qui a une préférence marquée ou exclusive pour un genre de choses.

 

Le théâtre amateur a longuement créé polémique en Tunisie, il suffit de se remémorer l’affaire “Manifesto Essourour” en 2009, où le metteur en scène et dramaturge Taoufik Jebali a été sévèrement critiqué par ses confrères et par les médias pour avoir engagé des acteurs amateurs.

 

Mais, comme l’art est au départ une passion pour la création et une envie de changement, retenons pour l’instant la deuxième définition, celle de la préférence marquée pour un genre de chose. Et Lobna Mlika l’a souligné avant le début du spectacle : “Les acteurs que vous allez voir sur scène sont amateurs. Médecins, étudiants, psychologues, etc… une chose les réunit d’abord, l’amour du théâtre. Mais également une autre, celle de croire dur comme fer en l’égalité totale entre hommes et femmes”.

 

Du théâtre au service d’une cause.

 

Avec une mise en scène légère et des textes qui se jouent entre cynisme et sarcasme, des situations élégamment interprétées par des acteurs amateurs à l’humour sucré, se succèdent et ne se ressemblent pas.

 

“J’ai trois enfants, deux garçons et une fille. Chaque garçon a deux parts, la fille en a une. J’ai trois enfants, et je partage sur cinq ! Quelle drôle d’histoire!” s’exclame ainsi une des actrices.

 

Avec un humour presque enfantin, les scènes se succèdent. Allant du langage patriarche ancré dans l’inconscient collectif, aux disparités de genre jugées illogiques et injustes, ces petites mises en scène n’ont pas manqué de dénoncer les discours politiques mais surtout les promesses électorales.

 

“La constitution garantit l’égalité entre tous les citoyens. Cela veut-il dire que je n’en sois pas une, comparée à “Sidi Khouya” (Monsieur Mon Frère) ?”

 

Ainsi va la pièce, une dénonciation du patriarcat et de la misogynie qui commence dès le foyer familial, qui s’étend à la scène publique et qui voit son essor dans les discours politiques.

 

Longuement utilisée comme vitrine de la pseudo-démocratie sous l’ancien régime, la situation des femmes en Tunisie est ainsi reprise comme prétexte. Ainsi est remise en question l’éternelle “Femme Tunisienne Libérée”. Ne pas hériter comme le fait son frère, comment peut-elle lui être égale ?

 

Une affaire à suivre de près, ainsi que l’art s’y référant. En effet, Terka n’est pas la seule pièce de théâtre qui a abordé cette problématique, “Mi-rath” de Khaoula Hadef avait déjà traité cette question lors de la Fête de la Femme le 13 août dernier.

 

L’héritage, un tabou sociétal ? Pas pour ces pièces ni pour l’ATFD qui milite pour cette cause depuis plus de 15 ans.